Femmes humoristes en stand-up luttent contre le sexisme selon enquête France Matin

par | Avr 17, 2024 | Culture | 0 commentaires

Enquête franceinfo



  

  
  

  
  Dans le milieu du stand-up, le "combat permanent" des femmes humoristes contre les comportements sexistes

Un grand nombre de comédiennes de stand-up partagent leurs expériences concernant le sexisme prévalent dans leur métier, que ce soit en coulisses ou pendant leur performance sur scène.

Axelle*, humoriste depuis trois ans, a pour mission d’amuser les gens. Cependant, lorsqu’on la croise dans un café parisien entre deux spectacles de stand-up, le rire est absent. Comme pour beaucoup d’humoristes féminines, le monde du stand-up n’est pas toujours aussi amusant qu’il n’y paraît. Elles dénoncent un environnement miné par le sexisme, comme l’a montré le mouvement #Metoostandup lancé en janvier dernier par l’humoriste Florence Mendez sur son compte Instagram.

En mars dernier, un article publié par Télérama a rapporté les accusations d’agressions sexuelles et de viols de 11 femmes à l’encontre de l’humoriste Seb Mellia, âgé de 38 ans. Un acte de bravoure rare dans ce milieu. « J’encaisse les remarques déplacées plutôt que d’être mise à l’écart », confie Axelle. Elle n’est pas la seule : la majorité des femmes qui ont accepté de partager leur histoire avec France Matin ont demandé à rester anonymes. 

Laura Domenge, une humoriste qui travaille pour France Inter et qui est actuellement en tournée, est l’une des rares à avoir accepté d’être nommée. Quand elle a commencé sa carrière d’humoriste à Paris en 2014, les novices n’avaient pas beaucoup de choix, se souvient-elle. Deux endroits dominaient le stand-up et pour se faire un nom, il fallait y être programmée. Les places étaient limitées et les hommes étaient omniprésents. Laura Domenge raconte avoir dû « naviguer constamment entre des prédateurs qui utilisaient leur pouvoir pour décider si nous jouions ou non »Au début, la jeune femme veillait à être « toujours accompagnée d’un ami » mais « rapidement, cela n’a plus été possible quand c’est devenu monnaie courante ».

« Quand j’ai commencé, il y a dix ans, on évoluait vraiment dans une jungle. »

Laura Domenge, humoriste

à France Matin

Elle énumère les remarques misogynes, l’hypersexualisation, l’humiliation. Après avoir interprété son premier sketch, déguisée avec des collants résille, elle distribue des tracts. Un humoriste l’interpelle, devant le public : « Tu peux sucer mes potes pour qu’ils viennent voir ton spectacle ? » « Ce sexisme est tellement intégré que je ne le vois parfois plus », lâche-t-elle avant d’ajouter, désabusée : « Des anecdotes comme celle-ci, j’en ai des tonnes ! » Elle tient malgré tout à « rendre justice aux alliés hommes déjà présents à l’époque« . 

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Le « syndrome de la Schtroumpfette »

Ces dernières années, les scènes hebdomadaires se sont multipliées dans les bars et les restaurants, auxquels s’ajoutent des comedy clubs de renom, où de jeunes artistes défilent sur scène et s’emploient à faire rire le public durant une dizaine de minutes. Hélène*, 28 ans, présente dans le milieu depuis cinq ans, déplore que ces différents plateaux soient essentiellement composés d’hommes : « On vit le syndrome de la Schtroumpfette », référence à l’unique personnage féminin dans le village des Schtroumpfs. 

La jeune femme affirme avoir été confrontée à cette situation dans de nombreuses salles parisiennes.  Elle s’en est offusquée auprès de la programmatrice d’un célèbre comedy club de la capitale : « Des femmes drôles, il y en a peu. Et puis, leur problème, c’est qu’elles ont surtout tendance à parler de leurs enfants ou de leurs ovaires », lui aurait-elle répondu. Hélène assure avoir été blacklistée du lieu à la suite de cet échange.

Contacté, le gérant de l’établissement en question considère que « le talent scénique » est le critère qui prévaut lors des choix de programmation des plateaux, et se refuse à « tomber dans une politique de quotas ». Il tient aussi à rappeler que leur « seule préoccupation consiste à divertir les gens qui viennent se changer les idées », et non d’être « des porte-drapeaux de quelque cause que ce soit, aussi louable soit-elle ».

« Il faut sans cesse mettre des limites » 

Agathe*, qui joue son one-woman show depuis deux ans, ne cache pas à quel point être une femme implique un jeu d’équilibriste permanent : « On n’a pas le choix, on doit se mettre dans une posture de rentre-dedans ou de séduction. » Selon elle, seules ces deux options permettent de faire face au « machisme de base ».

Il en va de même, ajoute-t-elle, bien au-delà des coulisses, jusque dans les rendez-vous professionnels.

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Bernard Figuerol

Auteur

Bernard Figuerol est une figure emblématique de France Matin, connu pour ses articles perspicaces et informatifs sur l'aménagement du territoire, la culture et l'environnement en France. Titulaire d'un master en journalisme avec une spécialisation en développement durable, Bernard a rejoint l'équipe de France Matin il y a plusieurs années, apportant avec lui un regard neuf et une expertise approfondie dans ces domaines. Au cœur de son journalisme, Bernard se concentre sur les histoires qui relient les gens aux lieux, à la culture et à l'environnement. Ses articles sur l'aménagement du territoire vont au-delà de la simple couverture des politiques urbaines, explorant comment les espaces sont façonnés pour répondre aux besoins des communautés tout en préservant l'identité et le patrimoine culturel.

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